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Quatre catégories de traumatismes

   

Le traumatisme se signale par un certain nombre de symptômes que le DSM-V décrit en termes de stress post-traumatique. Ils manifestent que la «victime» vit une rupture de continuité de son existence. Plusieurs causes peuvent expliquer cette rupture, qu’on peut catégoriser.

  

Traumatisme de type I ou rupture par coupure

 

Un événement soudain et inattendu fait effectivement coupure, au point que la victime devient incapable de mobiliser ses ressources habituelles. Suivant les termes du psychanalyste Jacques Lacan, l’impossible a eu lieu. La victime a touché du doigt son impuissance face à la vraie violence et au danger de mort, réalise que son équilibre est fragile et cherche un moyen de le recouvrer. Beaucoup de victimes témoignent en ce sens, affirmant qu’elles sont passées «de l’autre côté du miroir»: rien ne sera plus jamais comme avant, il y a un avant et un après l’événement traumatique.

 

Traumatisme de type II ou rupture par usure

 

Une suite d’événements répétitifs et attendus avec angoisse use littéralement la victime jusqu’au point de rupture. La rupture est aussi soudaine que dans le traumatisme de type I, mais s’est longtemps préparée, de façon parfois patente, parfois souterraine. C’est typiquement ce qui se passe dans les histoires de harcèlement moral, où l’usure est faite de hauts et de bas, en dents de scie pour ainsi dire.

 

Traumatisme par pression

 

On pourrait le figurer par un étau: la victime est prise entre deux mouvements allant de l’extérieur vers l’intérieur, dans un resserrement continu. Un exemple typique est ce que Paul-Claude Racamier, dans le cadre de son étude sur l’inceste et l’incestuel, appelle la ligature (Racamier, 1995). Par rapport au lien qui tient, voire qui enserre, la ligature étrangle et on sent bien, à travers cette métaphore, comment le resserrement peut aller jusqu’à la rupture. On pourrait également invoquer certaines des manifestations somatiques qui peuvent accompagner ce vécu, telles qu’une sensation d’étouffement, comme si un énorme poids poussait sur la poitrine, une gorge ou un estomac «noués», etc. On parle aussi d’être pris entre le marteau et l’enclume, ce qui ne s’identifie pas tout à fait à un conflit de loyauté, car les circonstances ainsi qualifiées sont purement subies.

   

Traumatisme par tension

 

On pourrait le figurer par un élastique qu’on étire toujours plus, à nouveau jusqu’au point de rupture : la victime est prise entre deux mouvements allant de l’intérieur vers l’extérieur. Une notion utile pour comprendre cette catégorie de traumatisme est celle de clivage de loyauté (Ducommun-Nagy, 2006) : en cas de conflit de loyauté, un compromis est possible, parce que les deux personnes entre lesquelles on se sent écartelé sont toutes deux capables de supporter une trahison, ou autrement dit que les deux liens sont assez forts pour supporter d’être un peu malmenés ; le clivage de loyauté, par contre, implique qu’on trahisse toujours le même proche, parce que l’autre, à l’entendre, y laisserait la vie. C’est typiquement ce qui se passe dans les situations d’aliénation parentale. Ou encore dans les relations perverses narcissiques.

  

© Jean-Claude Maes, le 28 octobre 2019

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