Samedi 9 novembre 2019 de 8h00 à 17h30
Le croire: opinions, croyances, convictions, savoirs
Les actes de ce colloque ont été édité sous forme d'ouvrage collectif aux Editions de L'Harmattan
08h00 Accueil
08h30 Introduction
09h00 Le besoin de croire et ses risques
Oratrice: Sophie de Mijolla-Mellor, philosophe de formation, est une psychanalyste française et Professeur émérite des Universités. Elle est présidente de l'Association internationale Interactions de la psychanalyse et directrice de la revue Topique. Elle a publié «Le besoin de savoir», «Le besoin de croire», «Le choix de la sublimation», «Que sais-je? La sublimation», etc.
Argument: Nous vivons une période qui tend à donner raison à André Malraux lorsqu’il prédisait que le vingt-et-unième siècle serait religieux. Les idéaux laïques, là où ils existaient, sont en régression, les idéologies politiques qui, pour beaucoup, tenaient lieu de foi et d’espoir, se sont révélées inaptes, voire bien en-deçà du niveau attendu, mais les religions ont rappelé de par le monde que l’on pouvait espérer d’elles, non seulement dans l’au-delà mais dans le présent de la vie quotidienne, un soutien précieux, notamment sur le plan identitaire. Prendre au sérieux le «besoin de croire» est donc une nécessité, car ses issues sont diverses et certaines sont dangereuses...
10h00 La croyance entre la mauvaise foi et le beau geste
Orateur: Jacques Fontanille, docteur en linguistique, Chevalier de la Légion d’Honneur, est professeur émérite à l'université de Limoges et membre de l'Institut universitaire de France. Il a été président de l'Association internationale de sémiotique visuelle, président de l'université de Limoges de 2005 à 2012 et président du PRES Limousin Poitou-Charentes (2011-2012). Il a publié «Sémiotique du discours», «Formes de vie», etc.
Argument: L’époque voyant proliférer les «post-vérités», les faits avérés ne parvenant plus à convaincre, nous sommes en quelque sorte sommés de reconsidérer ce que Foucault appelait les «régimes de vérité», ceci aussi bien en termes d’émergences collectives que d’usages individuels. Jacques Fontanille s’appuiera sur une démarche sémiotique et anthropologique pour proposer une typologie raisonnée des différents «régimes de vérité» qui se déploient entre l’affirmation transcendante des conditions d’établissement d’une «vérité», supposant un principe supérieur, et leur affirmation immanente, dépendant de l’expérience subjective. Il envisagera au moins deux cas de figure, d'abord celui de la «compétitivité», qui trop souvent s'affirme au prix de la «mauvaise foi», voulant par exemple que la loi du plus fort soit toujours la meilleure alors que, le plus souvent, elle s'exerce au dépens de l'intérêt collectif, ensuite celui du «beau geste», où la «concurrence» devient provocation par rapport à la morale et à la prévisibilité sociale, et où, avec un peu de chance, l’individu peut exercer une influence positive sur l’évolution de sa communauté.
11h00 Pause-café
11h30 Couple et famille: du mythe à l’identité, inventer sa différence
Orateur: Robert Neuburger est psychiatre, thérapeute de couple et de famille à Genève, Professeur honoraire de psychologie clinique) à l’Université Libre de Bruxelles, auteur de nombreux ouvrages dont «Le mythe familial», «Les rituels familiaux», «Les territoires de l’intime», «Exister», etc.
Argument: Pour exister, couples et familles doivent créer, inventer, entretenir des différences avec le monde, avec les autres couples, avec les autres familles. La dimension mythique, la croyance en ces différences, jouent un rôle majeur dans ce but. Que se passe-t-il lorsque cette différence vient à s’effacer, ou n’est jamais apparue, ou est attaquée?
12h30 Pause-repas
13h30 Critique du constructivisme radical en psychothérapie
Orateur: Serge Escots, anthropologue, psychothérapeute familial à l’institut d’anthropologie clinique et responsable du diplôme universitaire de thérapie familiale à l’université Toulouse Jean Jaurès.
Argument: La psychothérapie et particulièrement la thérapie familiale ont été influencées par le mouvement constructiviste. Pour simplifier, nous pourrions dire que le slogan constructiviste radical se formule ainsi: nous construisons une réalité que nous croyons percevoir. Ou encore: le patient est enfermé dans une réalité qu’il a construite, «la thérapie va tenter de changer cette construction» (Watzlawick, 1981). Dans cette perspective, les faits importent peu au thérapeute. D’ailleurs qu’est-ce qu’un fait en psychothérapie? En s’appuyant d’une part sur les thérapies narratives de Michael White qui définit un fait comme tout événement qui peut être codé par une structure narrative, et d’autre part sur la thérapie contextuelle de Boszormenyi-Nagy qui considère la «dimension des faits» comme partie intégrante du processus thérapeutique, nous montrerons qu’une approche narrative qui intègre l’éthique relationnelle pondère la position classique du constructivisme radical en psychothérapie et redonne une place significative aux faits objectivables.
14h30 Le modèle de la quête illustré par «Anna Karénine»
Orateur: Jean-Claude Maes, psychologue, docteur en Information et Communication, thérapeute familial systémique à Bruxelles, président fondateur de SOS-Sectes et de PREFER asbl (Prévention, Recherche Et Formation sur l’Emprise et le Radicalisme). Il a publié «Emprise et manipulation. Peut-on guérir des sectes?», «Liens qui lient, liens qui tuent. L’emprise et ses dérives», «Se protéger du radicalisme» (avec Evelyne Josse), etc.
Argument: Le modèle de la quête articule l’individuel, l’interpersonnel, le groupal et le collectif en une vision du système qui fait des acteurs d’une situation davantage que les interprètes interchangeables de fonctions immuables, mais aussi des auteurs. Ce modèle sera illustré par une analyse du troisième roman de Tolstoï qui montre les points communs et les différences entre la conversion hystérique et la conversion religieuse.
15h30 Pause-café
16h00 Lecture de la pièce de théâtre «Chahîd, que Dieu l'accepte en martyr»,
par son auteur Vincent Dufour, artiste associé de la Cie 4emeActe installée à Toulouse,
suivie d'un débat avec Dominique Bons, la mère de «Chahîd», fondatrice de l'association «Syrien ne bouge, agissons».
Argument: Cette pièce inspirée de l’histoire vraie de Nicolas, fils de Dominique Bons, se propose de retracer le chemin de pensée qui l’aura conduit à la radicalisation islamiste et à partir en Syrie. Parti avec son demi-frère Jean-Daniel, qui mourra lors d’un combat, Nicolas trouvera la mort peu après lui, dans une mission martyr… peut-être parce qu’il n’avait pas trouver d’autre issue à sa vie.
Fin de la journée à 17h30